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Télétravail, QVT et empreinte carbone : quel ménage à 3 ?

Télétravail, QVT et empreinte carbone : quel ménage à 3 ?

Cécile DIDOLOT
Avocate Directrice
Grant Thornton Société d’Avocats

Le télétravail a fait l’objet de nombreux écrits et suscité bien des débats, exacerbés après les confinements successifs : poursuivre ou pas l’activité en télétravail, au moins partiellement ? Dans quelles conditions ? A quel prix ?

Le télétravail présente des avantages indéniables, mais peut également avoir des inconvénients. Comme dans bien des domaines, l’attention est de rigueur : le télétravail est à consommer avec modération.

L’organisation de l’activité en télétravail a des vertus, tant pour l’employeur que pour le salarié. Le salarié gagne en confort et tranquillité, il est moins dérangé et peut mieux se concentrer. Son efficacité est accrue et la flexibilité du télétravail permet une amélioration de l’équilibre vie professionnelle et vie privée. L’employeur, quant à lui, voit clairement une augmentation des performances, une réduction de l’absentéisme (le salarié patraque reste actif chez lui, alors qu’il ne serait pas venu au bureau) et redore son image d’entreprise attractive. Il peut également profiter de la modification des flux au sein de ses locaux pour en revoir la configuration et le cas échéant en réduire la superficie.
Mais tout cela ne doit pas faire oublier le bien-être du salarié, qui, lui-même, peut ne pas appréhender réellement les risques pour sa santé. L’important étant de maintenir un équilibre entre les sphères professionnelle et privée, il est essentiel de veiller à la déconnexion des salariés, dont l’ordinateur reste bien souvent allumé non-stop lors des périodes d’activité à domicile.
Eviter l’isolement des salariés est crucial et, dans ce cadre, il sera nécessaire de définir des moments d’échanges communs et de conserver le lien social, les instants de convivialité devant la machine à café se remplaçant difficilement … Tout sera question d’équilibre et de mesure, pas d’abus ni du télétravail, ni des déplacements au bureau et chacun y trouvera son compte !
Au-delà de la Qualité de Vie au Travail, la qualité de notre air bénéficie également du télétravail, qui permet de réaliser des économies d’énergie et de réduire notre empreinte carbone. L’ADEME (Agence de la Transition Ecologique) a, en septembre 2020, publié une étude sur la « caractérisation des effets rebond induits par le télétravail ». Le bilan global du télétravail est favorable d’un point de vue environnemental.
Il n’est toutefois pas exempt de conséquences négatives.
Ainsi, si les déplacements domicile/travail ont diminué, d’autres trajets sont effectués (école, courses, activités, etc.) et certains ont profité du télétravail pour déménager et s’éloigner de leur entreprise, engendrant alors des trajets, certes moins fréquents, mais plus longs.
En revanche, contrairement à des idées préconçues, la surconsommation d’énergie au domicile liée au télétravail est marginale : non seulement d’autres personnes (les enfants notamment) occupent le logement même quand le salarié est au bureau, mais de plus il est, en tout état de cause, assez rare de véritablement baisser le chauffage dans la journée lorsque l’on part au travail. La surconsommation serait de l’ordre de 7,5 kWh pour une journée de télétravail, ce qui n’est vraiment pas significatif (1,30 € environ) et reste compensée par les déplacements évités du fait du télétravail, dans la majeure partie des cas (la flambée des prix du carburant accentuant le constat).
Le point le plus problématique est celui de la consommation numérique. Le télétravail a notamment intensifié l’usage des visioconférences, particulièrement énergivores. 10 personnes réunies en visioconférence pendant 1 heure et demie produiraient 1 kg d’équivalent CO2, soit l’équivalent d’un trajet de 8 km en voiture (les applications sont à ce titre très inégales, certaines consommant 7 fois plus d’énergie que d’autres). Il sera essentiel de veiller à la pollution liée au développement de l’usage du numérique afin de trouver des solutions permettant d’en contenir l’impact.

En conclusion, le bilan du télétravail, tant en termes de QVT que d’empreinte carbone, est positif. Comme toute modalité d’organisation du travail, le télétravail doit être encadré et l’employeur doit veiller à la santé de ses salariés, mais il constitue incontestablement un outil incontournable à l’aune de l’évolution de notre monde, qu’il soit professionnel, personnel ou écologique.

Cécile DIDOLOT
Avocate Directrice
Grant Thornton Société d’Avocats