En tant qu’adulte, il est souvent difficile d’aborder le sujet de la mort, mais cela peut l’être davantage lorsque l’on doit aborder ce sujet avec son enfant car il renvoie à des émotions de tristesse et on pense protéger son enfant l’évitant. Pourtant, il arrive malheureusement un moment où l’on ne peut plus reculer devant cette vérité.
Comment expliquer de façon claire le sujet de la mort si douloureux ?
Des propos alignés avec ceux de Freud, expliquent qu’un enfant de moins de 10 ans n’a que peu de connaissances sur la mort et « peu de raisons de la redouter ». C’est au-delà de l’âge de dix ans que la peur de mourir s’exprimerait alors de façon explicite et que l’enfant pourrait mettre en place des mécanismes de protection contre cette peur – angoisse – qui vont permettre de la refouler (par exemple le déni).
Le questionnement sur la mort s’inscrit dans le développement intellectuel, affectif et social de tout enfant, et encore plus à l’adolescence. Il est donc préférable de ne pas attendre la survenue d’un drame pour amorcer une discussion sur ce thème. En réalité la mort apparaît forcément dans les sujets de conversation d’une famille où tous les sujets sont abordés librement, où lorsque l’enfant peut poser des questions sans craindre de fâcher ses parents.
Dans le souci de préserver l’enfant, les parents sont parfois tentés de taire la gravité d’une maladie ou la mort d’un proche. Nous vous recommandons pourtant d’essayer de ne pas fuir les questions de votre enfant, et de ne pas proposer une histoire du type « il est parti loin», car cela laisse trop de place à l’imagination d’un enfant. Il convient de simplement lui expliquer que la personne ne reviendra pas. Si cela peut être difficile à entendre et à comprendre sur le coup, l’acceptation n’en sera ensuite que moins douloureuse.
Il est important de préciser que ce n’est pas la mort qui effraie l’enfant mais c’est la séparation, la peur d’être abandonné. Ainsi, le silence qui entoure la mort ne protège qu’illusoirement les enfants. Afin de protéger votre enfant contre une certaine angoisse de la mort, nous vous invitons à le rassurer en lui donnant la certitude qu’il est aimé et qu’il ne sera pas abandonné. Si vous êtes croyant, vous pouvez communiquer les concepts de vie et de mort liés à votre religion ou spiritualité pour entourer vos propos. Rappelez-vous que l’enfant réagit différemment en fonction de son âge, de sa personnalité et de sa relation avec la personne décédée.
La vie et la mort sont présentes dès les premiers jours de l’enfant, symbolisées par l’absence, la perte et la réapparition, même si l’enfant ne peut intégrer ce qu’est réellement la mort. Chez les bébés, la relation à l’autre est cruciale. La dépendance physique et affective rend l’autre constitutif de soi-même et par conséquent, la disparition d’autrui peut s’avérer difficile. Pour le petit enfant, les proches représentent une sécurité, une protection. Si l’un d’entre eux disparaît, l’enfant peut se sentir perdu et ressentir une profonde détresse. Plus un enfant est petit, plus il perçoit la mort d’un point de vue sensoriel. C’est la disparition physique qui marque son esprit. Le timbre de la voix, le toucher, l’image de la personne disparue lui manquent très concrètement.
Vers 2 ans, l’enfant prend conscience que les personnes et les objets continuent d’exister même hors de sa vue. Il n’a pas de représentation de la mort mais il connaît l’absence, la séparation et l’angoisse qui en découle.
Vers 3 ou 4 ans, l’enfant intègre l’idée de mort par les différentes expériences de perte qu’il traverse : celle de la perte d’une peluche fétiche, d’un animal domestique, la première séparation avec maman à la crèche etc.
Puis, avec ce qu’il apprend à l’école et auprès de ses aînés, il est forcé d’accepter la notion de mort. La réalité s’impose à lui exactement comme pour la « révélation » de la non-existence du Père Noël.
La mort passe d’abord par la notion d’abandon. Plus tard encore, ses aînés lui apprennent ce qu’est la perte, faire le deuil de quelque chose, en lui faisant prendre conscience de certaines réalités.
C’est donc entre 3 et 5 ans que le concept de mort apparaît, concept que les enfants peuvent utiliser sans angoisse mais qui est associé à de la tristesse ou à du chagrin. Pour les enfants de cet âge, la mort ne touche que les personnes âgées. La mort est également vécue comme temporaire et réversible. Cette idée de réversibilité est influencée par les jeux dans lesquels on joue à être mort et où l’on revit une fois le jeu terminé.
Entre 4 et 6 ans, l’enfant sort donc de son univers magique et quitte son impression de toute puissance.
Jusqu’à l’âge de 6-7 ans, la mort pourra être imaginée sous la forme d’un personnage méchant et maléfique (fantôme, monstre,…) Les enfants parlent, interrogent et veulent comprendre ce que ressentent les personnes mortes et ce qu’elles font. Pour eux, les morts continuent à avoir des pensées, des ressentis, des sensations. Ils peuvent voir et entendre les humains. Les explications des parents sont d’autant plus nécessaires que cette période est celle de la « pensée magique » : l’enfant peut penser qu’il peut provoquer la mort simplement parce qu’il l’a souhaitée ou imaginée ; il est donc possible qu’un sentiment de culpabilité puisse parfois apparaître.
L’idée de la mort comme irréversible, universelle et inévitable s’installe à partir de 6-7ans, au moment de la scolarité obligatoire.
Vers 8-9 ans, la mort est vécue comme une injustice qui pourrait être évitée par une bonne conduite. D’où la nécessité que les parents soient clairs et simples en parlant du décès d’un proche, notamment en ce qui concerne les circonstances.
Les adolescents peuvent avoir des difficultés à composer avec la mort. Contrairement à un enfant de 4 ans, ils se projettent déjà dans l’avenir et ont donc une conscience pertinente du deuil et de l’échéance de leur vie future.
Si un décès survient dans la vie de votre enfant, sachez qu’il n’y a pas de « bonne façon » de lui parler de la mort. Il est essentiel de lui annoncer rapidement, sans attendre qu’il s’étonne de ne plus voir la personne depuis quelques temps. Vous devez donc lui annoncer en douceur que cet être cher est décédé / parti au ciel et ne reviendra pas. Et si la douleur est trop grande pour vous, dites-lui simplement que vous êtes très triste et que vous lui en direz davantage un peu plus tard. Le mensonge devrait donc être totalement exclu, au risque de générer des confusions et des angoisses chez l’enfant. Sachez aussi qu’un enfant est tout à fait apte à comprendre votre chagrin et peut même être un très bon consolateur.
Vous pouvez préciser à votre enfant que si l’être aimé n’est plus présent physiquement, il le sera toujours dans son cœur et l’accompagnera tout au long de sa vie.
Si vous ressentez le besoin d’en parler avec un professionnel, nos psychologue d’AXIS MUNDI sont la pour vous.
Laura Maupetit – Psychologue AXIS MUNDI